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La raquette à neige, ancêtre du ski |
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Raquettes à neigeItinéraires pédestres |
Tout laisse supposer que la raquette à neige fit son apparition bien avant le ski. En effet, l'homme a pensé, avant de glisser sur la neige, à se maintenir à sa surface. Le premier être qui s'aventura sur la neige constata qu'ils s'enfonçait et il est probable qu'un jour un de nos ancêtres eût une idée de génie en attachant à ses pieds quelque fagot de bois ou d'écorce ou encore quelque peau de bête pour élargir sa surface portante. L'étincelle avait jailli dans ce cerveau humain qui avait ouvert à ses semblables la "sublime porte" à l'invention de la raquette à neige, sœur aînée du ski. On aimerait retrouver, ne serait ce qu'une légende, à défaut du nom du premier pionnier de la neige. Là où manquent les légendes, il faut recourir à trois sources qui nous ramènent le plus prés des origines: l'archéologie, la littérature et l'ethnographie. La première ne nous révèle rien. La seconde est pauvre, mais elle nous console en nous apportant quand même des preuves. La troisième est riche de tout ce qui nous a été fidèlement transmis par les peuples primitifs. Xénophon qui cumulait les titres de philosophe, d'historien et de général athénien, nous apprend que quatre cents ans avant Jésus Christ, "les habitants des montagnes de l'Arménie avaient l'habitude d'attacher des raquettes -ou quelque chose d'analogue- aux pieds de leurs chevaux pour les empêcher d'enfoncer dans la neige." (Anabase V,5) Le vétérinaire grec Aporyte préconisait les "hippopodes" qui étaient des tresses de sparterie faites de tiges de genêt. Un vieux texte, datant de 1661 dû à Olaus Magnus et curieusement illustré (on y voit un homme et son cheval portant aux pieds comme des soucoupes de bois), relate "de la façon qu'on fait passer les chevaux par les montagnes couvertes de neige." : "Les hommes et chevaus passans les montagnes ont des instruments aus piés qui ressemblent à des boucliers. Car il n'est pas aisé de passer les montagnes qui sont les frontières de Suecce et Norwègue appelés Dorfrins, à la façon des autres l'yver mêmement; pour les neges qui y sont fort hautes, au-dessus. Mais les marchâs du pais donnent bon ordre à cela par une subtilité qu'ils ont, et ingénieuse intervention. Ils ont des rondeaus faits comme une grille entrelacés de larges pièces, et fort delices de lieges, ou de tilleul, léquelles ils attachent à leurs piés, et à ceus des chevaus, allans par ce moyen hardiment par sus le haut des montagnes; sans avoir aucune crainte d'enfoncer dans la neige.'' Les raquettes de neige qui étaient encore en usage chez les peuples primitifs il y a moins d'un siècle sont de formes. très variées: Elles vont de la planchette de bois jusqu'à la raquette en forme de cadre de bois recourbé tendu par un réseau tendineux ou par un treillage minutieusement tissé pour former des ajours hexagonaux réguliers en passant par des formes intermédiaires plus ou moins évoluées. La raquette la plus primitive est celle des Eskimo Caribou; faite d'une simple planchette pleine, de forme elliptique (Fig 1). Celle des indiens du Labrador est de même conception que la précédente mais elle est de forme plus régulière (Fig 2). La forme ronde se retrouve dans les raquettes des Indiens Klamath de Californie, du lac Michigan. La raquette de Bosnis (Fig 3) présente en plus une planchette concentrique, rattachée au cadre par des liens rayonnant. On donne à ces raquettes rondes parfois le nom de "cerceaux à neige" parce qu'elles sont constituées par des cadres en cerceau faits d'une seule tige de bois se refermant sur elle-même. La raquette polonaise y fait exception puisque le cercle n'est pas refermé mais ouvert (Fig 4). La raquette à cadre elliptique de bois, avec treillis de corde, se rencontre sous une forme primitive rustique chez les Ainan au nord du Japon, en Norvège, chez les indiens Pinte. On la rencontre également, nettement plus évolué, avec un treillage régulier et renforcée par une traverse chez les indiens Nenerot au Labrador. La raquette à cadre fait de deux demi ellipses se télescopant se trouve au nord du Japon. Et dans la même contrée la raquette en "sablier" et baguettes transversales. La raquette canadienne est faite d'un seul bois replié. Le treilli est extrêmement soigné pour assurer à la fois une grande légèreté et une grande surface portante. Sous une forme dérivée, elle se retrouve jusqu'en Alaska et sur le continent asiatique: chez les Chukchi et chez les habitants des îles Kouriles; le cadre est alors constitué par deux bois réunis à leur extrémités de sorte que la raquette est pointue aux deux bouts. La raquette-ski japonaise se rattache aux formes précédentes. Elle marque nettement l'évolution de la raquette vers le ski proprement dit. La forme de raquette la plus curieuse est celle utilisée aux monts Cantabres par les habitants de Riano (Fig 5). Elle se compose de deux pièces de bois courbées et reposant à plat, longues de 35 centimètres, réunies entre elles par trois traverses sur les quelles repose la chaussure qui y est assujettie par des lanières de cuir. La figure 6 nous montre un essai de "ski-raquette" tenté par le suisse Wipfli. Croyait-on y voir la formule de l'avenir? Le ski court semble vouloir détrôner le ski long. En arriverait-on à raccourcir le ski au point de reprendre la formule de Wipfli? Les solutions hybrides ne donnent pas toujours satisfaction dans bien des domaines: L'évolution est lente et ne peut se faire qu'avec prudence. C'est la connaissance de ce qui jadis a résulté d'un long enchaînement des techniques qui doit nous guider vers une solution des problèmes de l'avenir. (d'après Jacques Bidault)
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