FORTS DE BRIANCON

Fort des Trois Têtes

 

Le plateau des Têtes domine Briançon à portée de canon et son occupation par les défenseurs de la ville est impérative. Vauban y souhaitait un camp retranché. Le tracé du fort utilise au mieux un relief accidenté; il occupe une surface supérieure à celle de la ville, lançant vers le nord-est une pointe terminée par les batteries du bastion d'Asfeld, à portée de la route de Montgenèvre. Le front royal, tourné vers la montagne, vient d'être restauré et témoigne de l'ampleur de la conception et de la qualité de l'exécution. Les pointements rocheux taillés pour servir de soubassement aux courtines leur fournissent un fondement indestructible. Certains bastions se relèvent fortement pour dérober aux regards l'intérieur de la place, dominée sur deux côtés par la montagne.

Malgré son caractère inachevé, le fort des Têtes avait la capacité de soutenir un siège, engager une bataille avec une capacité de 1250 hommes et la maintenance d'une artillerie de 70 pièces.

La porte d'entrée de ce front royal est précédée par une lunette avancée et une demi-lune. Le chemin d'accès les traverse en sinuant pour ne dévoiler le front qu'au dernier moment.

A l'intérieur subsiste un très bel ensemble de bâtiments, malheureusement saccagés dans les années 1950.

Le pavillon du gouverneur flanque la droite de la chapelle , un second pavillon devait faire symétrie, mais n'a pas été réalisé. L'escalier intérieur en bois était majestueux; il desservait des chambres dotées d'alcôves et de boiseries moulurées. La chapelle, très vaste, comportait une nef unique voûtée en berceau. Transformée en caserne au XIX siècle, elle fut divisée en trois niveaux auxquels correspondent des alignements de fenêtres. Les baies d'origine se voient encore vers l'abside.

L'arsenal comporte deux étages voûtés d'arêtes qui reposent sur des files de gros piliers, déterminant trois nefs d'égale largeur.

La place d'armes se présente aujourd'hui selon une surface régulièrement aplanie. Cette disposition est le fruit de travaux énormes qui ont fait disparaître des volumes incroyables de rocher; on voit encore, sur certaines pentes sous le fort, les éboulis produits par le déversement de ces masses de cailloux. L'aiguille rocheuse qui se dresse vers le milieu de la place est une «butte témoin», qui laisse visible le niveau que le sol naturel atteignait en certains endroits.