LA PEINTURE DES VERTUS ET DES VICES

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Très répandu en trois registres superposés. Pour montrer les bons et les mauvais comportements, on peint les 7 Vertus, des femmes en prière (humilité, charité, etc..), les 7 Vices (orgueil, avarice,...) enchaînés dans la gueule de l'Enfer où on les voit subir d'horribles châtiments. Au contraire, la représentation de la Jérusalem céleste montre aux bons chrétiens un au-delà paisible et rassurant en temps d'épidémies.

En briançonnais nous les trouvons représentés à la chapelle Notre Dame des Grâces de Plampinet et à l'extérieur de l'église Saint Apollinaire de l'Argentière . Nous voyons seulement vices et les châtiments dans la chapelle Saint Jacques de Prelles et à l'extérieur de l'église des Vigneaux.

Les artistes varient très peu la représentation des Vices ou Péchés capitaux, car ils sont plus connus sous ce nom. A chaque vice correspond son image:

•  L'orgueil: un roi ou un seigneur campé sur un lion.
•  L'avarice: homme qui tient une bourse, monté sur un blaireau.
•  La luxure: femme qui se regarde au miroir et chevauche un bouc dévoilant sa jambe.
•  L'envie:homme qui montre du doigt ses voisins, assis sur un chien qui ronge un os.
•  La colère: homme qui se poignarde sur un léopard.
•  La gourmandise: homme qui mord dans un jambon, boit du vin, monté sur un loup.
•  La paresse: femme échevelée qui s'affale sur un âne en fin de cortège.

Les cavaliers avancent généralement dans le même ordre, l'orgueil vient en tête et la paresse ferme la marche. Ils se dirigent vers une gueule de crocodile ou dragon qui figure l'enfer et sont presque toujours enchaînés l'un à l'autre.

Les Vertus sont: Humilité, Générosité ou Largesse, Chasteté, Tempérance, Patience, Charité, Diligence, souvent représentées en action.

I- EGLISE SAINT APOLLINAIRE DE L'ARGENTIERE

L'église paroissiale fut édifiée en 1400, à l'orée du vallon du Fournel aux belles prairies de Reine des Alpes ou Chardon Bleu.Cette église de L'Argentière a un portail sud daté de 1431.

A l'extérieur, sur le mur sud, s'inscrivent les trois registres des Vertus, Vices, Châtiments, ces deux derniers coupés par une fenêtre en plein cintre.

Les Vertus se tiennent dans une galerie qui utilise habilement la bande lombarde de la muraille: les arceaux en ogives se découpent sur un ciel jadis bleu, le nom de chaque Vertu s'inscrit sur le fond: Humilité, placée au-dessus de l'orgueil, prie devant un autel, elle porte robe rouge, manteau bleu vert, coiffe blanche. Largesse fait l'aumône à un mendiant nain. Chasteté a la même pose qu'Humilité, elle est vêtue de brocart jaune et rouge à larges manches. Abstinence ou Tempérance, tenant une carafe, nous engage à boire la bonne eau fraîche, elle a une robe bleu vert, un manteau pourpré. Patience reçoit un fort coup de massue sur la tète, Charité s'élance à son secours, elle porte des perles dans les cheveux et une robe bleu vert. Diligence assise, file sa quenouille, un livre ouvert sur ses genoux, en coiffe et tablier blanc, sur une robe turquoise.

La chevauchée des Vices passe devant un mur percé de fenêtres ouvertes sur un ciel autrefois bleu, la partie inférieure du mur étant cachée par une tenture rouge, et la tête de chaque Vice se détache sur une de ces fenêtres, ils ne sont pas enchaînés, contrairement à la tradition. L'orgueil, richement vêtu, porte une robe de brocart jaune à ramages rouges, il se coiffe d'une calotte rouge à plume bleue et monte le lion habituel. L'envie est à cheval sur un lévrier qui ronge un os dans sa gueule. La luxure est toujours fort élégante et tient en général un miroir a la main: elle porte ici ses cheveux blonds relevés en diadème et torsadés de perles, coiffure à la mode au début du seizième siècle, elle relève sa robe noire décolletée en carré sur sa cuisse gainée d'un bas vert. La gourmandise ne pouvant être un Péché Capital, tout au plus un Péché Mignon, nous dirons que c'est la gloutonnerie qui boit à la régalade et serre un jambon sur son cœur.

Quant aux Châtiments, les vicieux sont toujours pendus, puis les démons les brûlent avec des torches ou les tourmentent de mille façons.

II- CHAPELLE ND DES GRACES DE PLAMPINET

Nous y retrouvons les trois registres: en haut les sept Vertus , agenouillées vers la droite, vêtues de bleu pâle, rose ou violet, sur des rinceaux rouges à fond blanc. Les Vices défilent ici, enchaînés les uns aux autres. La luxure, en robe rouge, porte la même coiffure qu'à L'Argentière, elle est blonde comme tous nos personnages féminins: ces beautés blondes sont conformes à l'idéal médiéval. Elle relève aussi sa robe très haut sur sa cuisse. L'orgueil est toujours un riche seigneur et la gloutonnerie boit «à la bonne vôtre». Un démon tire sur la chaîne pour accélérer l'allure de la caravane et la précipiter aux enfers. Les supplices sont assez effacés.

III- CHAPELLE SAINT JACQUES DE PRELLES

La luxure et la colère

Les Vertus sont absentes, les Vices et les Châtiments apparaissent assez dégradés. L'envie et la paresse ont été détruits. La luxure en robe rouge, coiffée en diadème avec perles montre sa cuisse chevauche une truie noire au lieu du bouc habituel. L'orgueil, coiffé d'un chaperon pourpré, tient poétiquement une rose rouge à la main. En sa tunique vieux rose, il est le plus élégant des Vices. Les Châtiments ont toujours le même thème: pendaisons et tourments diaboliques.

IV- EGLISE SAINT LAURENT DES VIGNEAUX

détail orgueil, avarice et luxure

Les Vices et leurs Châtiments à l'extérieur de l'église s'abritent sous un auvent qui les a protégés; les Vertus ont disparu. Ils sont enchaînés et se dirigent vers la gueule ouverte de l'Enfer. L'orgueil est ici un souverain de fière allure qui porte une couronne d'or. La luxure a changé sa coiffure pour un hennin, ce qui ferait croire noire peinture plus ancienne que les autres, elle relève sa robe très haut selon le rite et nous montre un bas vert.