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LE SPORT: UNE EXPERIENCE SPIRITUELLE

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Dans la tradition chrétienne, on connaît ces priants qui avaient coutume de se tenir debout, la nuit, dans la posture de l'attente. Les mains levées vers le ciel, vers l'endroit d'où venait le soleil du matin, ils attendaient le lever du jour, en silence. Leur parole, c'était leurs corps en attente. Le travail du désir était leur prière. Ils étaient là tout simplement. Et quand le soleil s'était levé, ils s'en allaient.

L'expérience spirituelle s'inscrit d'abord en cette attente de notre être tout entier . S'il s'agit d'un sportif, c'est au travail du désir de son être qu'il convient d'aller. Ce désir s'exprime en particulier dans l'ascèse. "Askésis" désigne en grec la mise en forme harmonieuse d'un matériau. En langage spirituel, l'ascèse signifie une formation harmonieuse de soi , un amour épuré de soi. Elle permet une maîtrise de soi dont la visée est l'épanouissement personnel. C'est le possible de soi qui est désiré.

Le sport aussi vise à une pratique harmonieuse du monde, à un façonnage harmonieux de la vie pour en faire quelque chose de beau. Cela n'advient pas par la coercition mais se réalise par une poursuite volontaire et passionnée. Si le sport ne va pas sans rigueur et sans discipline, il ne va pas non plus sans enthousiasme et sans persévérance... Le sport est d'abord orienté vers la transformation de l'être humain : il est un chemin vers l'humain. Ainsi, par la mise en oeuvre des facultés mentales d'attention, d'observation, d'analyse, de jugement et de rigueur, le sportif se cherche : il recherche une connaissance et une conscience plus grande de lui même et de ses limites. On pourrait dire qu'il réalise le premier moment de la liberté, la prise de conscience de ses déterminations pour pouvoir agir sur elles. L'idéal sportif nous mène à la liberté, c'est à dire au fait que l'homme est capable de se faire à partir de ce qui le lie. Mais la liberté ne se fait pas sans un travail de libération : elle ne va pas sans effort ni sans lutte : il y a de la souffrance à assumer pour qui veut devenir humain...

Le lien essentiel entre sport et spiritualité est peut être cette conscience de soi, une conscience lucide et éveillée. Le sport aide en effet à mieux se connaître soi-même : on y expérimente ses limites physiques et psychologiques. Mais c'est par l'exercice, par l'acquisition progressive d'expérience que la vie gagne en qualité. L'exercice sportif rend vigilant, attentif, plus concentré : ce sont des qualités qui font que chaque activité devient pleine de présence. Dans le sport, les gens peuvent vivre pleinement en quête d'émotions, de défis et de risques. Ils s'imposent volontairement des contraintes pour tenter ensuite de les vaincre : ils jouissent ainsi du sentiment de leur puissance et de leur maîtrise d'eux mêmes. Cette expérience qu'on est capable de venir à bout d'un défi et de dominer une situation procure une immense satisfaction. Vivre ainsi avec un plus large champ de conscience, avec une attention plus grande, un éveil plus vif rend toute la réalité plus neuve et plus éclatante: le sport peut mener à l'exultation devant et en ce qui est. Pour des chrétiens, n'est ce pas ainsi entrer quelque peu dans l'appréhension de ce que appelons le Royaume de Dieu qui n'est ni lieu ni temps à part mais expérience d'intensité, de qualité, de profondeur et de ravissement.

A Olympie, où les concours avaient pour but le plaisir de saluer le meilleur, nous est indiqué un autre aspect du désir sportif. Le sport y était pour qu'il y ait de l'excellence en ce monde et la preuve que la cité développait une éducation brillante dont elle pouvait être fière devant les autres. Les Jeux Olympiques étaient une manifestation publique du haut niveau de civilisation, de la qualité de la culture. On y cultivait l'esthétisme, c'est à dire le goût de la splendeur. Et en prenant plaisir à s'identifier à tel ou tel athlète, tous savouraient un raffinement digne de chacun d'eux.

Dans la grâce du geste sportif, jusque dans son caractère parfois presque érotique, dans l'admiration de l'élégance, le spectateur, encore aujourd'hui, ne s'émerveille t-il pas de la capacité de l'être humain à être beau et fier, à vaincre peurs et angoisses et à retrouver pour lui même le courage d'être. Dans le sport, nous pouvons découvrir le sentiment euphorique de plénitude, d'autonomie et de puissance qui nous est souvent refusé dans le train train d'un travail routinier ou sans créativité, qui est le sort de la plupart des hommes et des femmes.

Concluons ce premier aspect de l'expérience spirituelle du sport par une remarque pastorale. Si l'Eglise veut rencontrer des sportifs, si elle veut éduquer à la pratique sportive, il lui faut aller au travail du désir des sportifs, quand on parle de spiritualité. Favorisons le sport comme l'expression de soi , comme l'expression de son intérêt suprême et dernier, de ce qui donne courage, de ce qui est pris au sérieux sans aucune réserve. En christianisme, le murmure du nom de Dieu ne se fait que sur les profondeurs ultimes d'une vie. Il est aux limites des plus belles et plus fortes attentes, quand s'ouvre la vie au large des possibles. Qui veut promouvoir la spiritualité de sportifs cultivera et favorisera l'expression de leur désir.

Père Jean-Yves Baziou Haltes n°71

Au service de la personne humaine

Sur le plan individuel, le sport contribue à préserver et à améliorer la santé, procurant une sereine détente, une occupation saine pendant le temps libre, une façon de rendre moins pesants les inconvénients et les difficultés propres à la vie moderne.

De plus, le sport éduque l'homme à la pédagogie de l'effort, de l'engagement, du sacrifice, de la générosité, à la recherche des valeurs les plus élevées, au dépassement des limites, au pari sur une vie faite de valeurs et d'objectifs.

Le sport libère l'homme de toutes les formes d'égoïsme et renforce l'honnêteté, l'altruisme, le respect des autres et même de la nature. Sans ces qualités, le sport se réduirait à un simple effort et à une discutable manifestation de force physique sans âme.

L'exigence du perfectionnement physique et moral permet de redécouvrir les chemins de la joie et de la responsabilité; en ce sens, elle montre le chemin vers Dieu.

Au service de la communauté humaine

Le sport facilite l'intégration dans un groupe, dans lequel l'homme peut trouver des partenaires qui partagent les mêmes défis et luttent pour des objectifs identiques.

Le sport constitue un vecteur d'apprentissage des règles de vie collective: il facilite l'acquisition de valeurs comme le respect des autres, la magnanimité, la fraternité, la solidarité, le partage, la générosité, l'altruisme, la donation, le respect des règles et des lois, la confrontation loyale ; il inculque le sens de la discipline collective et de la vie en groupe.

Le sport aide à vaincre l'égoïsme, le repli sur soi, l'autosuffisance et l'évasion aliénante ; il transforme les impulsions humaines, même celles qui sont potentiellement négatives, en des desseins positifs.

Le sport éduque à la citoyenneté, au compromis communautaire et à la responsabilité solidaire ; il contribue «à l'édification d'une société civile, où à l'antagonisme se substitue l'esprit de compétition, où au combat on préfère la rencontre, et à l'opposition haineuse la confrontation loyale» Jean Paul II

Conclusions

  • Le sport peut et doit être un instrument et une expérience de rencontre, de rapprochement, de compréhension, de tolérance, de convivialité entre les divers peuples et cultures, souvent séparés pour des raisons d'ordre linguistique, racial, historique, social, politique, culturel et religieux.
  • Le sport peut et doit véritablement contribuer à la construction d'un monde sans fractures et sans frontières, aider à «l'entente pacifique entre les peuples et collaborer à l'affirmation dans le monde de la nouvelle civilisation de l'amour»